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C'est pas mon idée !

lundi 22 avril 2024

L'épineuse question de l'exactitude de l'IA

ICO
Dans un monde confronté quotideiennement aux dangers de la désinformation, l'intelligence artificielle – prise entre ses graves hallucinations et ses petites approximations – génère des inquiétudes supplémentaires pour la notion même de vérité. Alors le gendarme britannique de la protection des données (l'ICO) consulte sur le sujet.

Depuis l'irruption de ChatGPT sur internet et l'engouement massif qu'il a provoqué, tous les régulateurs de la planète se précipitent afin de comprendre les défis inédits qu'engendrent les plates-formes de ce genre et de tenter de leur apporter des réponses, en vue de leur exploitation bénéfique pour tous dans des conditions satisfaisantes. Or, si les préoccupations qu'elles expriment paraissent légitimes, leur manière d'envisager des solutions appropriées laisse malheureusement beaucoup à désirer.

Ainsi, dans le cas de l'ICO (qui pourrait aussi être celui de la CNIL française ou de l'EDPB européen), la question soulevée, évidente, se révèle aussi critique qu'urgente : comment éviter que l'application de l'intelligence artificielle ne s'égare quand elle s'exerce sur une matière aussi sensible que la personne et quand les erreurs commises peuvent causer des préjudices plus ou moins graves, depuis l'atteinte à la réputation jusqu'au refus d'accorder un crédit (pour ne prendre que ce seul exemple financier) ?

Dans son exploration de ce véritable trou noir, qui menace autant à travers les outils mis à disposition du grand public que via ceux que déploient progressivement les entreprises (en général avec une certaine prudence, par bonheur), l'agence commence par interroger les parties prenantes en évoquant les pistes de réflexion qui lui semblent les plus prometteuses, à savoir le contrôle de la justesse des données d'entraînement des modèles et l'évaluation (et la divulgation) du degré de précision de leurs résultats.

ICO Consultation

Hélas, ces orientations, bien que logiques en apparence, n'aideront guère à faire face au problème. Sur le premier aspect, si l'introduction de contenus de mauvaise qualité (tels que ceux issus des réseaux sociaux) lors de la mise au point des « raisonnements » de l'IA (par imitation, rappelons-le) entraîne inévitablement des défauts majeurs, la véracité des entrants n'offre aucune garantie de fiabilité à la sortie, ne serait-ce qu'en raison des déformations que peut susciter la façon d'interagir avec le logiciel (le « prompt »).

Quant à la mesure de l'exactitude des modèles, même statistique, on perçoit bien combien elle est insaisissable. Outre son évolution dans le temps, à peu près imprévisible, elle est surtout fortement dépendante des usages : le moindre écart par rapport au domaine de « compétences » initial d'une solution la rend instantanément caduque. Par ailleurs, il faudrait que les utilisateurs – humains ou robots – apprennent à prendre en compte cette estimation avant d'exploiter les informations produites.

En conclusion, l'intelligence artificielle générative a ouvert une boîte de Pandore, dont on discerne difficilement les options disponibles afin d'en maîtriser les conséquences. Espérons que la consultation de l'ICO (et, éventuellement, de ses équivalents dans le monde) permette de dégager quelques idées opportunes… En attendant, le plus sage consiste à maintenir un contrôle (humain) systématique sur ce qui émane de cette technologie et à ne jamais la laisser nous faire croire qu'elle détiendrait la vérité !

dimanche 21 avril 2024

Google s'attaque aux catastrophes naturelles

Alphabet X
À la convergence de ses expertises incontestables en matière de cartographie et d'intelligence artificielle, Alphabet (Google) développe activement, dans le cadre de sa division X dédiée à ses projets les plus ambitieux, des solutions avancées de prédiction et d'aide à la remédiation des catastrophes naturelles et de leurs impacts.

Quelles que soient les actions entreprises maintenant en vue de le limiter à terme, le réchauffement climatique est désormais une certitude, tout comme ses conséquences, dont notamment l'augmentation dramatique inéluctable du nombre de phénomènes dangereux, constatée presque quotidiennement partout autour de la planète. En parallèle des efforts environnementaux, l'humanité à donc besoin, en urgence, de moyens de contrôler ces épisodes qui menacent des populations entières.

L'initiative Bellwether prend donc ce problème à bras-le-corps, sous deux angles complémentaires. D'abord focalisée sur les deux catégories de sinistres les plus fréquents et les plus dévastateurs que sont les incendies et les inondations, elle élabore en amont des modèles prédictifs capables de déterminer la probabilité de survenue d'un événement sur une longue période (jusqu'à 5 ans), tandis que, en aval, elle conçoit des outils destinés à identifier rapidement les dommages et où concentrer les secours.

L'approche retenue s'avère extrêmement sophistiquée, basée principalement sur l'accumulation de photographies aériennes et combinant, entre autres, une analyse de l'évolution dans la durée de la surface de la terre, à la fois dans sa dimension naturelle et à travers ses constructions, avec un recensement des éléments surveillés (par exemple les catégories d'essence végétale, les types de bâtiment, les vents dominants…) permettant d'évaluer aussi finement que possible les risques à appréhender.

Alphabet X – Betllwether

La mission que se donne l'équipe de Bellwether est également double. D'une part, il s'agit d'offrir aux parties prenantes – citoyens, organismes publics, entreprises privées (dont, évidemment, les assurances)… – de la visibilité et de la transparence sur leurs niveaux d'exposition, grâce auxquelles elles sont en mesure d'anticiper les cataclysmes et, donc, de s'y préparer, voire de s'en prémunir, avec beaucoup plus d'efficacité.

Puis le deuxième volet entre en jeu quand arrive le pire : il faut réagir vite et en priorité là où c'est le plus important afin de limiter les dégâts (matériels et humains), ce que la plate-forme aide à qualifier immédiatement. La Garde Nationale américaine a ainsi adopté le système, avec lequel elle ne perd plus, comme aujourd'hui, des heures à chercher, manuellement, les cartes les plus appropriées de la zone affectée et à repérer les points sensibles où elle doit intervenir pour optimiser ses opérations.

Parce que le dérèglement climatique est déjà enclenché, parce que rien ne permettra de l'infléchir avant des décennies et parce que ses effets sur nos vies et nos activités vont devenir de plus en plus écrasants, la mise au point de solutions de prévention et d'assistance, telles que celles d'Alphabet X, devient aussi critique que les démarches de protection de l'environnement et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Voilà un nouveau chantier à engager… notamment par le secteur de l'assurance.

samedi 20 avril 2024

ABN AMRO se renforce sur l'éducation digitale

ABN AMRO
Décidément, la transition « digitale » massive des banques néerlandaises ne parvient pas à trouver la recette idéale pour emporter l'adhésion de l'ensemble de la population : outre une frange de réfractaires, il subsiste toujours une proportion non négligeable d'exclus numériques auxquels il faut fournir un soutien de proximité.

La réduction drastique des réseaux d'agence aux Pays-Bas depuis une décennie trouve son origine dans l'adoption généralisée (et volontaire) des plates-formes web et mobiles par une immense majorité des consommateurs. Malheureusement, pour quelques-uns, dont les seniors constituent le principal contingent (mais ce serait un cliché de croire qu'ils sont les seuls), la bascule s'avère beaucoup plus difficile, faute de familiarité avec la technologie et de confiance en soi pour son utilisation.

Déjà consciente des risques en 2018, ABN AMRO avait institué une force spéciale offrant à tous ceux qui le souhaitaient d'obtenir dans les agences encore ouvertes une assistance individuelle à la manipulation des outils électroniques. Dans une probable tentative de réduction des coûts, elle a ensuite misé sur un effort concerté avec quelques-unes de ses consœurs, d'abord avec des bénévoles puis via une association spécialisée et le déploiement d'un plateau téléphonique à la mission minimaliste.

Alors que la demande ne semble pas faiblir, notamment en raison de l'explosion de la cybercriminalité, les résultats de ces initiatives ne sont vraisemblablement pas probants puisque l'établissement annonce maintenant le doublement des effectifs dédiés à son premier dispositif, rebaptisé « Help with Banking », pour passer à plus de 200 collaborateurs, disponibles tous les jours afin de répondre aux questions et aux incertitudes des clients essayant de piloter leurs comptes avec les applications.

ABN AMRO Help with Banking

Ces conseillers d'un nouveau genre ont un double rôle, qu'ils peuvent exercer en agence ou à domicile. Leur priorité consiste à familiariser les novices avec les services en ligne. Il peut s'agir d'expliquer pas à pas les fonctions disponibles ou d'organiser une visite générale à la découverte des options parfois méconnues (par exemple en matière de protection contre la fraude). Mais ils sont aussi là pour un accompagnement opérationnel et peuvent aider concrètement à exécuter une transaction.

La démarche constitue d'une certaine manière un aveu d'échec par rapport à la vision utopiste qui imaginait de convertir un jour tous les clients à la banque à distance. Il est certainement encore possible, par une formation adaptée, de continuer à tendre vers cette cible mais elle est impossible à atteindre, au moins dans des délais raisonnables. La seule solution viable, hormis l'abandon (auquel cèdent quelques enseignes), reste d'offrir un autre mode de relation, personnalisé, aux victimes d'illectronisme.

vendredi 19 avril 2024

Le RPA de KeyBank remplace 500 employés

KeyBank
Éclipsés par l'emballement médiatique pour l'intelligence artificielle et ses promesses de révolution, les robots d'automatisation de processus (RPA) sont pourtant, dès aujourd'hui, les principaux accapareurs d'emplois humains, comme en témoigne l'américaine KeyBank qui a remplacé l'équivalent de 500 personnes sur 300 mises en œuvre.

Dans n'importe quelle entreprise possédant un minimum d'historique, le RPA agit comme une drogue. La première expérimentation révèle instantanément tous ses bénéfices : accélération des traitements et, donc, meilleure réactivité, notamment vis-à-vis des clients, renforcement de la fiabilité, réduction, voire élimination, des coûteuses interventions humaines… Dès lors, la tentation est irrésistible d'en généraliser le recours (en dépit des prix souvent exorbitants pratiqués par les fournisseurs).

KeyBank se trouve ainsi dans le cas où son addiction s'aggrave. Non contente de la première génération de solutions, qui lui a tout de même permis d'engranger des résultats substantiels, elle est passée à un stade supérieur avec ce qui est maintenant qualifié d'hyper-automatisation (entre autres par son partenaire OutSystems) et applique ses méthodes de rationalisation à des centaines de processus dans tous ses métiers, vantant les gains immenses qu'elle en tire pour son efficacité opérationnelle.

KeyBank x OutSystems

Je propose cependant d'aborder la démarche sous une autre perspective. Chaque instance de robot correspond en réalité à un fonctionnement défaillant dans l'organisation, qu'elle pallie, certes, mais, hélas, ne résout pas fondamentalement. Ce sont ainsi des myriades de problèmes qui sont identifiés – dont le responsable de la transformation de KeyBank attribue d'emblée la faute à des systèmes informatiques vieillissants – et en quelque sorte couverts d'un sparadrap pour en limiter l'impact.

Plus raisonnablement, la technologie n'est pas la seule en cause. Les processus orchestrés « autour » des outils mis en place au fil du temps sont eux-mêmes victimes d'obsolescence, en particulier lorsque les logiciels sont venus successivement en automatiser telle ou telle tâche ou séquence, en support ou en substitution à une activité humaine, sans préoccupation pour la cohérence du parcours global. Dans ces conditions, le RPA permet tout au plus de « recoller les morceaux » au mieux.

Un peu comme si, à la naissance de l'automobile, les utilisateurs s'étaient contentés de charger leur carriole à cheval sur une voiture afin d'aller plus vite, ces robots autorisent une accélération (et quelques autres avantages) mais ne devraient jamais dispenser d'une réflexion stratégique sur tout ce que le concept de « digitalisation » recouvre d'autre. Or, quand 300 processus sont déjà passés à la moulinette et procurent une illusion de progrès, le risque est grand d'oublier l'indispensable chantier de fond.

jeudi 18 avril 2024

Un retour à la raison pour l'IA ?

IA
Depuis plusieurs mois, l'actualité donne peut-être l'impression que le monde entier est obnubilé par l'intelligence artificielle… mais une étude issue d'un institut de Stanford spécialisé dans ses tendances montre pourtant que les investissements en la matière chutent pour la deuxième année consécutive. Un sain retour à la raison ?

En intégrant toutes les catégories d'opérations, la baisse s'établit à 20% en 2023 par rapport à 2022, avec un déclin particulièrement sensible dans les fusions-acquisitions, qui sont passées de 117 milliards à moins de 81 milliards de dollars. Simultanément, le nombre de startups financées à explosé de 40%, atteignant un record de 1812, tandis que les méga-transactions à plusieurs milliards, indispensables pour les grands modèles gloutons en capital (des géants de la technologie, en général), se sont poursuivies.

La maturité atteinte dans l'élaboration de ces fondations explique néanmoins probablement une partie du ralentissement. Dans un mouvement inverse, en revanche, l'IA générative a connu une embellie massive, probablement passagère, dans le sillage de l'engouement médiatique pour ChatGPT, avec une multiplication par 9 des fonds engagés sur un an… en notant toutefois qu'elle ne représente qu'environ un quart du total (et il faut se réjouir de voir que la mode n'emporte pas tout sur son passage).

Pour la majorité des observateurs, le marché est aujourd'hui entré dans une phase de réalisme déclenchée par la prise de conscience de l'excès d'optimisme qui prévalait précédemment. Plusieurs signaux sous-jacents, sur différents axes, semblent ainsi confirmer que les projections initiales de rentabilité relèvent sinon de l'utopie du moins d'un rêve à très long terme, entraînant à la fois une normalisation des valorisations et une plus grande prudence vis-à-vis des nouvelles opportunités du secteur.

Il devient désormais apparent, par exemple, que la mise en œuvre effective de l'intelligence artificielle sur des cas d'usage concrets est beaucoup plus complexe et délicate que ne le laissait supposer les premières expérimentations. Une récente enquête du BCG soulignait ainsi que, contrairement à une perception entretenue par quelques déclarations tonitruantes, la moitié des dirigeants dans les entreprises ne croient guère aux promesses de la technologie et craignent ses approximations.

Ce n'est évidemment pas la fin de l'histoire pour l'IA. En revanche, le changement d'attitude des investisseurs constitue un réveil après une période d'illusion : ils comprennent (enfin !) que la partie se joue sur une échéance lointaine et ils apprennent à analyser objectivement et rationnellement les dossiers qui leur sont soumis. Les organisations potentiellement utilisatrices – dont, il est vrai, quelques-unes commencent à adopter une position sceptique similaire – auraient tout intérêt à en faire de même.

Atterrissage

mercredi 17 avril 2024

eToro démocratise le vote d'actionnaire

eToro
Dans le sillage d'une tendance encore discrète mais indubitable, eToro annonce la généralisation à toutes les actions négociées sur sa plate-forme de la possibilité pour leurs détenteurs de soumettre facilement leurs votes aux assemblées générales, dont une expérimentation limitée aux titres cotés aux États-Unis a rencontré un vif succès.

Il existe de multiples raisons pour lesquelles les investisseurs individuels ne s'engagent que rarement dans la vie des entreprises dans lesquelles ils ont acquis des parts. Dans le cas des fonds mutuels ou indiciels, ils ne sont pas directement propriétaires, ce qui les exclut a priori… mais n'empêche pas BlackRock de vouloir leur restituer ce pouvoir. Le cas est identique avec les actions fractionnées, mais même avec les portefeuilles classiques, les complexités de participation découragent les amateurs.

En revanche, il semble que le désintérêt et la passivité ne soient pas des causes de désaffection pour une fraction importante de la population concernée : presque 30% d'un panel international consulté sur la question affirme avoir contribué à une AG par le passé, sur les thématiques les plus brûlantes – élection des administrateurs, distribution de dividendes, rémunération des dirigeants… La démarche initiée précédemment par eToro sur le seul périmètre américain a ainsi vu 145 000 votes exprimés en 2023, en général sur les enseignes les plus emblématiques – Apple, Amazon, GMC…

eToro Proxy Voting

Afin de simplifier la procédure, eToro recourt à un classique mécanisme de procuration (proxy), élaboré en partenariat avec le spécialiste Broadridge, que la technologie permet de déployer à grande échelle. Chaque client de la plate-forme recevra désormais un courriel à chaque fois qu'une des sociétés dont il possède des titres (entiers ou non) présente des résolutions aux voix de ses actionnaires. Il leur fournira toutes les informations nécessaires pour prendre une décision éclairée, un lien pour assister virtuellement à l'assemblée et l'accès à un site web pour exprimer leurs choix.

Le vrai mouvement qui se dessine est d'abord celui des consommateurs, notamment parmi les jeunes générations, qui souhaitent reprendre un peu de contrôle sur des organisations dont les orientations sont pour l'heure largement dominées par les acteurs institutionnels. Les préoccupations environnementales sont fréquemment responsables de ces velléités mais elles ne sont pas les seules. La mise à disposition de solutions pratiques autorisant l'exercice de son droit d'actionnaire constitue aujourd'hui une aubaine pour ces activistes en herbe… qui pourrait bientôt devenir un impératif.

mardi 16 avril 2024

MAAF fait un jeu de la prévention routière

MAAF
Alors que l'actualité souligne la forte recrudescence des accidents mortels sur les routes françaises en 2023, MAAF s'installe [PDF] dans Fortnite afin de développer une approche ludique de la sécurité au volant, susceptible de sensibiliser les jeunes, premières victimes du phénomène, avant même qu'ils n'aient le permis de conduire.

Immergés au cœur d'un environnement créé de toutes pièces pour l'opération, les visiteurs sont conviés à une aventure qui commence par une invitation à une soirée entre amis et se terminera, si tout se déroule comme prévu, par un retour au domicile sain et sauf. Entre temps, ils devront affronter les obstacles et autres dangers qui se présenteront à eux, représentant autant d'occasions d'esquiver, sans conséquences, les risques de la vitesse, de la consommation de substances, des incivilités…

Probablement consciente de la difficulté pour un assureur de convaincre à froid son public cible de sa capacité à leur proposer un titre captivant – sur une thématique a priori rébarbative et, en tous cas, très éloignée des grands classiques souvent basés sur le plaisir d'enfreindre (virtuellement) les règles – MAAF organise jusqu'à la fin du mois de juin un concours autour de « Home Run » (c'est le nom de l'initiative), assorti de récompenses attractives (comprenant ordinateur de « gaming » et consoles de jeu).

MAAF Home Run

Les promoteurs misent sur les qualités humaines qu'exacerbent les jeux vidéos, et plus spécifiquement Fortnite, chez les utilisateurs, en particulier l'attention visuelle et spatiale ou encore les facultés de résolution de problèmes. En l'occurrence, outre l'exigence, pour réussir, d'adopter des comportements raisonnables tout en évoluant dans un parcours semé d'embûches, ils sont également amenés à faire des choix non intuitifs, surtout dans une simulation (par exemple le recours aux transports en commun).

Il faudra tout de même voir, à l'usage, si l'adhésion parvient à surmonter le décalage introduit par « Home Run » par rapport aux habitudes des adeptes de la plate-forme (qui, il est vrai, se positionne aussi comme un espace de créativité), renforcé par l'insertion récurrente de messages explicites de prévention au sein de l'expérience, à laquelle ils peuvent rapidement nuire selon leur nature intrusive ou non. À moins que cette originalité ne devienne justement un argument de séduction !

Quoiqu'il en soit, il est certain que la pédagogie par le jeu est infiniment plus efficace que les leçons assénées dans les auto-écoles et les messages publicitaires, aussi percutants soient-ils. Sachant que le besoin d'éducation routière est permanent (pour toutes les générations, incidemment), la démarche de MAAF mérite d'être saluée et, si jamais elle ne trouve pas son audience au premier essai, vaudra d'être retravaillée jusqu'à ce qu'elle conquière massivement les joueurs et atteigne ses objectifs.

lundi 15 avril 2024

Faura : identifier les risques naturels… et agir

Faura
Face à la croissance inexorable des catastrophes naturelles, aux États-Unis ou elle opère comme partout dans le monde, Faura n'est certes pas la première à proposer des outils de diagnostic pour les habitations. En revanche, elle s'avère plus originale dans son approche proactive de la protection contre les risques identifiés.

Dans son principe, le fonctionnement de la solution ne surprendra plus. Toute personne désireuse d'en savoir plus sur les dangers qu'encourt sa résidence sur deux catégories de sinistres (ouragans et incendies sauvages, en attendant plus ?) est invité à prendre une dizaine de minutes pour évaluer sa situation. Afin de la rendre aussi précise que possible, celle-ci combine une exploration cartographique des menaces locales et un auto-contrôle visuel des lieux, piloté à distance sur le téléphone de l'intéressé.

Première particularité, lors de cette étape de repérage initial, outre une description pédagogique des problèmes potentiels détectés, la jeune pousse fournit en temps réel des conseils pratiques en vue d'en réduire, voire d'en éliminer, les impacts prévisibles. Le simple fait de prodiguer ainsi les explications et les recommandations pendant le déroulement de la visite, dans leur contexte spécifique et donc avec une perception de pertinence accrue, leur donne immédiatement plus de poids et stimule leur efficacité.

La promesse associée aux actions à entreprendre ne se limite pas à la sauvegarde du patrimoine le plus précieux de la plupart des américains. Jouant également sur la tendance au désengagement des compagnies d'assurance, qui se propage rapidement ces derniers mois dans plusieurs états, Faura veut également faire de ses préconisations un facteur d'aide au maintien d'une couverture, dans les zones sensibles, ou, ailleurs, d'obtention de rabais sur les primes en proportion des efforts consentis.

Accueil Faura

C'est que, très logiquement, le secteur de l'assurance constitue un axe de développement prioritaire pour la startup, non seulement pour lui fournir des capacités de mesure affinée des portefeuilles de risques mais également dans une optique d'optimisation : l'idée est alors d'encourager des partenaires à offrir des conditions avantageuses aux utilisateurs qui passent à l'action, en considérant que « 1 dollar investi en remédiation correspond à 6 dollars économisés sur une future indemnisation ».

Derrière ses quelques caractéristiques originales, Faura se démarque sensiblement des autres acteurs positionnés sur l'analyse individualisée des risques naturels de l'immobilier en focalisant son modèle sur la prévention et le conseil personnalisé. La démarche représente une source d'inspiration essentielle dans un monde qui, aujourd'hui, choisit facilement la résignation – face au changement climatique, aux cataclysmes, à l'inassurabilité… – et a, au contraire, besoin de reprise de contrôle.

dimanche 14 avril 2024

Et la biométrie vocale devint obsolète

Bank Info Security
Cette fois, le diable est sorti de la boîte : l'annonce récente par OpenAI de la mise au point d'un service de synthèse vocale extrêmement fidèle à partir d'un échantillon original de quelques secondes rend obsolètes les systèmes d'authentification forte fréquemment déployés par les institutions financières, notamment dans leurs centres d'appel.

Naturellement, le risque existait depuis le début (je l'évoquais dans ces colonnes dès 2013). Perçus comme une riposte imparable à la fragilité des protections par mot de passe, les outils biométriques présentent l'inconvénient majeur de devenir caducs, en tant que tels, dès l'instant où les éléments de reconnaissance mis en jeu risquent d'être compromis, puisqu'il est impossible pour un individu de changer d'empreinte digitale ou de voix si ses caractéristiques personnelles sont susceptibles d'être usurpées.

Au fil du temps, des démonstrations d'attaques possibles sont venues régulièrement confirmer le danger… sans grandes conséquences sur l'adoption par les entreprises, probablement parce que considérées (à tort) trop théoriques. Or les progrès de l'intelligence artificielle, entre création de « deepfakes » (hypertrucages ?) quasiment indétectables et réplication en temps réel d'une voix quelconque, accessibles à tous, dont bien sûr aux escrocs de tout poil, donnent désormais crédit aux alertes précoces.

La situation est particulièrement critique pour les banques (et autres organisations), relativement nombreuses, qui ont installé des plates-formes d'authentification forte à base de reconnaissance vocale dans leurs centres de contact. Un appel téléphonique pour capturer l'extrait nécessaire à l'entraînement et le tour est joué : n'importe qui peut se faire passer pour un client légitime et accéder à ses comptes, comme l'aurait apparemment vérifié la dirigeante d'une firme britannique de hacking éthique.

Au vu de la maturité des technologies accessibles aujourd'hui, la seule solution envisageable consistera à remplacer ou, à tout le moins, compléter le dispositif existant… et probablement revenir à des approches plus traditionnelles, avec leurs faiblesses notoires. En tout état de cause et le développement de mesures défensives étant voué à être toujours en retard sur les menaces, la biométrie vocale a maintenant perdu sa valeur dans les politiques de cybersécurité. Et le même sort attend, à court ou moyen terme, toutes les variantes (reconnaissance faciale, de l'iris ou de la pupille de l'œil, de la paume de la main…), qui font pourtant encore les titres de l'actualité.

Personne au téléphone
Illustration par Karolina Grabowska (via Pixabay)

samedi 13 avril 2024

L'IA transforme le développement logiciel

Gartner
Il s'agit déjà aujourd'hui d'un des cas d'usage les plus populaires de l'intelligence artificielle, au moins sous forme expérimentale. Le cabinet Gartner prédit que, d'ici 2028, trois quarts des développeurs de logiciels l'exploiteront afin d'optimiser leur travail quotidien, dans de multiples dimensions. En attendant d'être entièrement remplacés ?

Bien que moins de 10% des professionnels confirmaient recourir à ce genre d'outils au début de 2023, l'hypothèse des analystes est facile à soutenir puisque, selon une enquête globale datant du troisième trimestre, près de deux tiers (63% précisément) des organisations ont fait au moins un pas dans cette direction. Naturellement, ces statistiques n'ont rien d'étonnant au vu, d'une part, de l'engouement médiatique pour l'IA générative et, d'autre part, de son adéquation particulière à ces usages.

La question qui se pose maintenant chez les responsables de l'ingénierie logicielle n'est donc plus, dans la plupart des cas, de décider le déploiement généralisé, à court ou moyen terme, mais plutôt de formaliser une équation de valeur convaincante auprès des décideurs afin de profiter au plus vite des bénéfices espérés. Car une perspective qui se restreindrait à un traditionnel calcul de ROI, mettant en avant les économies et, peut-être, les gains de temps, raterait une grande partie de la mutation qui se joue.

En effet, les assistants codeurs les plus sophistiqués ne se contentent plus de compléter automatiquement ce qu'écrit le programmeur (évidemment) ni de générer (recopier, en réalité) des modules complets. Ils se transforment progressivement en compagnons attentifs toujours prêts à signaler les erreurs commises, à suggérer des améliorations ou d'autres manières d'aborder un problème, par exemple. De la sorte, ils stimulent la créativité et procurent des opportunités de progresser continuellement.

Appréhendée sous cet angle, l'intelligence artificielle deviendrait alors un facteur de rétention et de satisfaction des collaborateurs concernés, appréciant grâce à elle une expérience utilisateur bonifiée (quand l'outil est parfaitement intégré à l'environnement et aux processus de développement), tout en promettant à leur employeur, outre le surcroît de productivité, une meilleure qualité des produits livrés, autant sur le plan de la fiabilité (et la réduction des risques d'anomalies) que de l'adéquation aux besoins.

Le message positif de Gartner devrait trouver un écho favorable dans les directions informatiques qui peinent à recruter et à conserver les talents nécessaires à la transition « digitale » du monde. Il mérite toutefois d'être tempéré car les premiers intéressés commencent à entendre un refrain lancinant évoquant de manière toujours plus sérieuse et crédible leur remplacement par la machine… à une échéance qui ne relève plus de l'utopie. Pas sûr, dans ces conditions, qu'ils accueillent l'IA avec bienveillance.

Développeur (généré par IA)